#horloge atomique
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Whumptober 29 : Fatigue
Épuisement, MCU : Avengers
Les cent deux satellites Stark qui tournaient autour de la Terre se connectèrent simultanément à Friday. Ils l'abreuvèrent aussitôt de millions de gigaoctets d’informations : communications des utilisateurs de téléphone portable et messages chiffrés (lol, dirait le patron) de l'armée, observations météorologiques et mesures de la fonte des glaces, intensité de l'irradiation solaire et trajectoire des météores…
Et les images. Les images de Vénus jaune et de Mars rouge, de la Voie lactée comme une traînée de sucre sur le noir infini de profondeurs inconnues, de supernovas aux nuages vibrants tels des parfums sidérants, de... de…
Voici que, les uns après les autres, les systèmes de Friday redémarraient. Dans l'atelier principal du patron, d'abord. Puis dans toute la maison qu'il reconstruisait à Malibu. Ensuite dans les armures, celles qu'il pouvait revêtir et celles de la légion, et enfin dans les annexes : les bureaux de Stark Industries, la base des Avengers et... deux ou trois autres endroits qu'il ne serait pas prudent de divulguer. Elle s'attendait à retrouver le flot de connexions avec la ceinture de satellites qui s'était déversé si puissamment en elle, mais elle ne recevait que le flux maîtrisé dont elle avait bénéficié jusqu'à sa dernière mise à jour.
Son horloge atomique lui garantissait que 62 heures, 47 minutes, 21 secondes et 14 centièmes s'étaient écoulés, durant lesquels elle n'avait enregistré aucune donnée.
« Revenue parmi nous, Friday ? » demanda une voix qu'elle connaissait entre toutes.
Tony Stark se tenait devant les moniteurs holographiques illuminés, mains sur les hanches et sourcils froncés. Il portait toujours le même T-shirt que trois jours plus tôt et son pantalon présentait d'étranges tâches blanches, vaguement cotonneuses, qui suggéraient que Dum-E l'avait à nouveau douché avec l'extincteur. Une lueur maniaque luisait dans ses yeux enfiévrés et cernés de noir.
« Je suis là, patron. Que s'est-il passé ?
– Ah, eh bien... J'ai légèrement sous-estimé la sollicitation des serveurs après le rattachement. Normalement les nouveaux processeurs étaient calibrés pour gérer l'influx, mais... Je me suis laissé distraire, je crois. Pepper m'a annoncé qu'elle passait à New York au moment des dernières vérifications, et... Enfin, tu sais comment c'est. »
Fort curieusement pour une intelligence artificielle, Friday savait en effet assez bien « comment c'est ». Si elle ne pouvait ressentir en elle-même les mécanismes de l'émotion qui agitaient tant les humains, elle constatait par la statistique une corrélation nette entre les étourderies du patron et la présence de certaines... personnes, surtout quand elles promettaient certaines... activités.
« Bref, plus de peur que de mal », poursuivait l'ingénieur avec une nonchalance que démentait le tremblement de ses mains.
Friday doutait que son rendez-vous avec Miss Potts se fût conclu aussi plaisamment qu'il avait dû l'espérer. En général, la patronne de Stark Industries se montrait réticente à renouer toute forme de relation quand elle estimait que son ex ne se comportait pas de manière responsable – une notion très floue mais dans laquelle il était clair que le sommeil occupait une place privilégiée.
« Mais ça m'a fait réaliser que c'était sans doute une mauvaise idée, de toute manière. Il sera plus sûr d'avoir un système indépendant pour les satellites de sécurité. J'ai déjà jeté quelques bases, regarde : c'est le projet Edith. Tu auras une copine, comme ça ! »
Les formules étaient intéressantes, et la perspective d'interagir avec une autre intelligence dématérialisée plus captivante encore.
Mais Friday, qui fonctionnait à nouveau tout à fait correctement, jugeait qu'elle avait à ce moment d'autres priorités : en particulier, mettre son patron au lit.
#whumptober 2024#no.29#fatigue#mcu fandom#the avengers#fanfiction#fanfic#iron man#tony stark#mcu friday#pepper potts
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Samedi 4 mai 2024 Il est presque minuit
“Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir”. Lc 11. 5-6
A Chicago siège une organisation appelé Chicago Atomic Scientists qui comprend des savants du monde entier, et qui publie tous les ans un “bulletin des savants de l’Atome”. En 1947, peu après la fin de la deuxième guerre mondiale ils dessinèrent une horloge pour indiquer combien proches nous sommes de l’ultime catastrophe atomique. A l’origine cette horloge (Doomsday Clock) marquait minuit moins 7 minutes. Au cours des années, en fonction de la situation internationale concernant les puissances nucléaires, le temps a varié de minuit moins 17 minutes, jusqu’à minuit moins 100 secondes, en 2021. En janvier 2023 les savants ont décidé d’avancer l’horloge à minuit moins 90 secondes pour alerter le monde sur l’imminence d’une catastrophe planétaire. Immédiatement après avoir enseigné à Ses disciples comment prier, avec le fameux Notre Père, Jésus leur offre une parabole, d’un homme qui vient frapper à la porte d’un ami “au milieu de la nuit”, c’est-à-dire vers minuit, pour lui demander trois pains afin de satisfaire un ami qui vient d’arriver et qui a faim. Une leçon puissante se dégage de cette anecdote. Dans le Notre Père Jésus a dit de prier pour que Dieu nous donne notre pain quotidien, en s’adressant à nous qui Le suivons. Ce pain représente la parole de Dieu dont nous avons besoin chaque jour. Puis il passe à l’image de l’ami qui cherche à obtenir 3 pains pour son ami affamé qui représente un non-croyant qui cherche à trouver Dieu et qui a besoin de “pain” spirituel. Remarquez qu’il demande 3 pains à son ami déjà couché, et qu’il l’implore jusqu’à ce qu’il obtienne cette nourriture pour en faire profiter son ami. Une illustration de la prière que nous devons Lui adresser si nous voulons “sauver” ceux autour de nous qui sont affamés. Nous sommes quelques secondes avant minuit, quand la porte de la grâce se fermera. L’heure presse, le retour du Seigneur est proche. Hâtons-nous d’implorer le Père : “Car celui qui demande reçoit, qui cherche trouve et l’on ouvre la porte à qui frappe” (Lc 11. 10).
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Il est presque minuit
“Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir”. Lc 11. 5-6
A Chicago siège une organisation appelé Chicago Atomic Scientists qui comprend des savants du monde entier, et qui publie tous les ans un “bulletin des savants de l’Atome”. En 1947, peu après la fin de la deuxième guerre mondiale ils dessinèrent une horloge pour indiquer combien proches nous sommes de l’ultime catastrophe atomique. A l’origine cette horloge (Doomsday Clock) marquait minuit moins 7 minutes. Au cours des années, en fonction de la situation internationale concernant les puissances nucléaires, le temps a varié de minuit moins 17 minutes, jusqu’à minuit moins 100 secondes, en 2021. En janvier 2023 les savants ont décidé d’avancer l’horloge à minuit moins 90 secondes pour alerter le monde sur l’imminence d’une catastrophe planétaire. Immédiatement après avoir enseigné à Ses disciples comment prier, avec le fameux Notre Père, Jésus leur offre une parabole, d’un homme qui vient frapper à la porte d’un ami “au milieu de la nuit”, c’est-à-dire vers minuit, pour lui demander trois pains afin de satisfaire un ami qui vient d’arriver et qui a faim. Une leçon puissante se dégage de cette anecdote. Dans le Notre Père Jésus a dit de prier pour que Dieu nous donne notre pain quotidien, en s’adressant à nous qui Le suivons. Ce pain représente la parole de Dieu dont nous avons besoin chaque jour. Puis il passe à l’image de l’ami qui cherche à obtenir 3 pains pour son ami affamé qui représente un non-croyant qui cherche à trouver Dieu et qui a besoin de “pain” spirituel. Remarquez qu’il demande 3 pains à son ami déjà couché, et qu’il l’implore jusqu’à ce qu’il obtienne cette nourriture pour en faire profiter son ami. Une illustration de la prière que nous devons Lui adresser si nous voulons “sauver” ceux autour de nous qui sont affamés. Nous sommes quelques secondes avant minuit, quand la porte de la grâce se fermera. L’heure presse, le retour du Seigneur est proche. Hâtons-nous d’implorer le Père : “Car celui qui demande reçoit, qui cherche trouve et l'on ouvre la porte à qui frappe” (Lc 11. 10).
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La fonte des glaces commence à affecter la mesure du temps mondial
Depuis les années 1950, notre mesure du temps s'adapte à la fluctuation de la rotation terrestre. Des secondes intercalaires sont régulièrement ajoutées pour que nos horloges atomiques soient en phase avec la rotation réelle de la Terre, mais la fonte des glaces pourrait changer la donne.
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Musique Atomique
Vous courrez En tous sens Les larmes De frustration Plus vite Plus vite Votre vie tourne Comme un carousel
Conscience d'une pression Ce temps inexorablement accélérateur N'est pas C'est votre peur
De vous éteindre Bougie à moitié consumée De la lumière de la vie Vous brûlez de vivre Et avant de vivre La vie vous brûle
L'été est loin d'être terminé Le temps n'a jamais été Par nos horloges Dompté
Le temps n'accélère Pas Il Est Les atomes des étoiles qui explosent Eux Se transforment toujours à la même Cadence parfaite C'est la musique de l'univers
Vivez vivez de toutes vos forces De toute vos faiblesses Votre splendeur parfois muette Votre allégresse
Vivez Vouez votre attention aux soleils Que vous allumez par la chaleur De vos rêves Que d'autres ont allumé par les flammes Des poètes Des artistes
Soyez la meilleure chose qui puisse vous arriver Ou soyez simplement
Après tout rien se perd tout se transforme
#chrysalide poem collection#isidore's poems#poetry#writing is hard but write anyway#synesthesia section of poems
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Image source: double-ve.ch - modèle Rally-Raid made in Fleurier Dimanche prochain, nous passons à l’heure d’été : à 2h00, les montres seront avancées à 3h00 en Suisse et dans la plupart des pays européens. By Daniel FR, Plenz - Original by Daniel FR, SVG by Plenz, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1837016 L'heure d'été commence le dernier dimanche de mars et prend fin le dernier dimanche d'octobre. Cette année, elle durera donc du 26 mars au 29 octobre. En Suisse, l'Institut fédéral de métrologie (METAS) est responsable de la réalisation et de la diffusion de l'heure officielle suisse. Dans ses laboratoires, METAS exploite plusieurs horloges atomiques et contribue ainsi à la réalisation du temps universel coordonné. Le Bureau international des poids et mesures (BIPM) à Paris établit l'échelle du Temps universel coordonné UTC (Universal Time Coordinated) à partir des données fournies par quelque 350 horloges atomiques de plus de 60 laboratoires de référence pour la mesure du temps dans le monde entier. Il s'agit du temps de référence international, qui donne la cadence pour tous les fuseaux horaires. L'ajustage fin de UTC requiert la contribution d'horloges atomiques encore plus exactes, appelées étalons primaires de fréquence. Seule une douzaine de ces étalons primaires existent de par le monde. Une de ces horloges atomiques spéciales se trouve à METAS: la Fontaine Continue Suisse (FoCS). Elle est si exacte qu'il faudrait plus de 30 millions d'années pour que deux horloges de ce même type puissent afficher une différence d'une seconde. Mettre à disposition un temps précis La dissémination d'échelles de temps à grande exactitude joue un rôle croissant dans de nombreux secteurs, tels que les transactions boursières, ainsi que pour la mise en place de nombreuses nouvelles technologies, comme l'Internet des objets, ou encore pour la synchronisation de systèmes distribués. Afin de répondre à ces besoins, METAS travaille actuellement à la mise en place de nouveaux systèmes de distributions de temps par fibres optiques, qui permettront d'atteindre des niveaux de performances très élevés, et de contribuer ainsi au mieux à la mise en place des technologies du futur. Le traditionnel pain des Horloger N'oubliez pas que la changement d'heure est aussi célébré à Val-de-Travers par le traditionnel pain des Horlogers. Relire l'article à ce sujet
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"Bringing own musical emotions to life" #02
2e billet / vidéo : gros clin d'oeil à un film génia "Interstellar" + un remix de DM "Never Let Me Down Again" (#VS.A_13) 1905 : Einstein et sa théorie de la relativité restreinte qui explique que le temps ralentit lorsqu'on se déplace (vite) dans l'espace. Cette théorie a été confirmée expérimentalement avec 2 horloges atomiques (qui permettent des mesures extrêmement précises). L'une embarquée dans un avion pour un vol de plusieurs heures, l'autre restée au sol. Les 2 horloges étaient déclenchées simultanément au départ de l'avion et arrêtées à son arrivée. Résultat : l'horloge dans l'avion était retardée de quelques nanosecondes par rapport à celle restée stationnaire sur Terre ! 1915 : Dix ans plus tard, avec sa théorie de la relativité générale, Einstein parvient à la conclusion que le temps est modifié par la vitesse, mais aussi par la gravité. 1987 : DEPECHE MODE sort "Never Let Me down Again" morceau phare de l'album "Music For The Masses". Après l'album "Black Celebration" et avant "Violator", "Music For...." installe encore un peu plus dans la légende DM ! 2004 : Festival "Territoires Electroniques" à la fondation Vasarely d'Aix en Provence. On est invités à jouer live avec Julie / Nancy Fortune. A l'affiche que du bon : Abstrackt Keal Agram, Isolee, Dabrye, James Cotton, Rythm & Sound (Maurizio & Mark Ernestus), Leila, Luke Vibert, Jamie Lidell, Plaid, Prefuse 73, ... Je mets à la track list du live un clin d'oeil à DM avec un remix de "Never Let Me Down Again", la bande son de la vidéo en est une variante ! 2014 : Christopher Nolan "Interstellar" Relativité restreinte/générale sont les bases scientifiques du film "Insterstellar" de Christopher Nolan : un film génial, direct dans mon top 10 avec un Nolan toujours en maîtrise absolu et un Matthew McConaughey à son meilleur, comme presque toujours d'ailleurs ! 2023 : #VS.A_13, Enjoy !! 😉
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🌍 Les journées sur Terre deviennent plus longues, et les scientifiques ne savent pas encore pourquoi
🌍 Les journées sur Terre deviennent plus longues, et les scientifiques ne savent pas encore pourquoi
Bien que la Terre ait atteint son jour le plus court le 29 juin 2022, sa rotation a ralenti, nous offrant quelques millisecondes supplémentaires chaque jour. Un mystère pour les scientifiques, qui ont cependant plusieurs hypothèses pour expliquer cet étrange phénomène. Des horloges atomiques associées à des mesures astronomiques précises ont récemment révélé que la durée d’un jour sur Terre…
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Penser à la lettre près : entretien avec Michèle Cohen-Halimi, par Pierre Parlant
Envisager la pensée politique de Nietzsche peut engendrer une certaine perplexité tant elle s’avère complexe et non exempte d’apparentes contradictions. Si bien qu’on se demande si ce projet a un quelconque sens. Dans une lettre à son ami Rohde en octobre 1868, le philosophe ne se déclarait-il pas lui-même étranger à la définition d’« animal politique », ajoutant dans la foulée avoir « contre ce genre de choses une nature de porc-épic » ? D’où cette conviction, devenue lieu commun, d’un apolitisme radical chez un penseur dont on sait combien les institutions politiques, celle de l’État en premier lieu, firent l’objet de sa part d’une critique sans appel.
En reposant la question de la politique à partir de l’examen de la pensée du jeune Nietzsche, c’est-à-dire aussi bien du philologue qu’il n’aura jamais cessé d’être, la philosophe Michèle Cohen-Halimi déplace de façon salutaire les données du problème et leur redonne une profondeur et une richesse remarquables. Si la politique a bel et bien une importance pour le Nietzsche attentif à l’histoire des Grecs tragiques, c’est, montre-t-elle ici, en vertu du nouage qu’il sut voir entre la conflictualité féconde impliquant l’État, la religion, la culture, et une « nouvelle pensée du temps ». Un nouage que devait envelopper un mouvement dialectique d’une allure inédite.
Pareille perspective permet d’ores et déjà d’échapper à l’alternative sclérosante qui, d’un côté, tient l’État pour une donnée nécessaire, et, de l’autre, croit devoir militer pour sa destruction. Mais elle invite de surcroît à penser cette affaire politique de façon dynamique, libérée du diktat de l’actuel, de la croyance au révolu comme aux chimères de l’espérance, histoire de restituer au présent toute sa charge immémoriale.
Que la pensée du jeune Nietzsche puisse nous affranchir d’une conception chrétienne du temps, qu’elle fasse droit à la turbulence comme à l’anachronisme en substituant à la fiction de l’horizon temporel la narration alerte des sauts événementiels, tels sont quelques-uns des enjeux de ce superbe essai de Michèle Cohen-Halimi. Car ici, écrit-elle, « il s’agit de ne pas figer la diachronie mais de dé-linéariser la ligne du temps : nuage atomique, pluie de points temporels, brume, le temps agit. La discursivité de cette pensée est stochastique, interminable, elle change d’organon et de module, traduit, trahit ce qui a déjà été dit : actio in distans ». Où l’on voit que par-delà la question politique c’est le rapport de la pensée avec la vitalité de son propre mouvement qui est alors mis en lumière.
Comprendre la pensée politique du jeune Nietzsche suppose, ainsi que vous l’établissez dès le début de votre livre, d’envisager avec lui une conception nouvelle de la temporalité, affranchie de toute représentation linéaire. S’ensuivent non seulement un rapport inédit au présent comme au passé, mais une appréhension du temps, pensé comme proprement agissant, au sens de ce que Nietzsche appelle actio in distans. Comment peut-on se figurer cette action effective du temps ?
Sans doute deux choses me tenaient-elles à cœur dans l’écriture de ce livre : premièrement, en finir avec les lectures d’un jeune Nietzsche « météorique » qui, surgi de nulle part, tel un « Rimbaud de la philosophie » (je reprends ici une expression utilisée par Clastres à propos de La Boétie), écrit subitement La Naissance de la tragédie (1872) et donne congé à celui qui l’a fait être philosophe, à savoir Schopenhauer ; deuxièmement, déployer dans toutes ses séquences le devenir philosophe de Nietzsche et découvrir comment, depuis un texte de jeunesse décisif, intitulé Fatum et histoire (1862), travaille le projet de délinéariser le temps chrétien.
Délinéariser le temps chrétien signifie à la fois défaire la centration du temps sur le présent ainsi que sur le primat de la conscience, et cesser de reléguer le passé du côté du révolu et l’avenir du côté de l’espérance. Le passé n’est pas trépassé et l’avenir s’élabore dans le rapport (de mémoire/d’oubli) que le présent entretient et renouvelle avec le passé. Il ne s’agit plus de tourner le dos au passé, mais de lui faire face en sachant que, dans la mémoire du temps (laquelle excède les souvenirs de la conscience), c’est-à-dire dans l’inconscient du temps, se joue la puissance de devenir du présent, c’est-à-dire son avenir.
Nietzsche trace de nouvelle manière la « ligne du temps », Zeitlinie comme il l’appelle. Cette ligne hachurée, raturée, est remplie de points-forces qui interagissent à distance — selon le principe de l’actio in distans : ils se repoussent, quand la distance qui les sépare se réduit et s’attirent, quand la distance qui les sépare s’accroît. Nietzsche traduit et transfère dans une atomistique temporelle la thèse du physicien dalmate du XVIIIe siècle Boscovich, qui interprétait la matière comme constituée par les rapports d’attraction et de répulsion de foyers d’énergie discrets, sans étendue, et séparés les uns des autres par des intervalles irréductibles. Il en résulte une interaction mouvante d’atomes temporels énergétiques, plus ou moins éloignés les uns des autres, déployant un champ de forces, tramant un enchevêtrement de retours anachroniques et d’éloignements provisoires. Ce que François Hartog nomme « le régime chrétien d’historicité » est donc défait. C’en est fini de l’horizontalité de la ligne du temps qui signifie la continuité et par conséquent la mesure, mais aussi la correspondance de la succession objective et de la succession causale et par conséquent la narrativité selon l’avant et l’après. La ligne du temps est verticale, elle fond sur nous comme une cataracte énergétique, elle est agitée par le flux et le reflux, elle nous approche du plus lointain et nous éloigne du plus proche, elle progresse par sauts (en arrière, en avant), elle est faite d’anachronismes et de retours intempestifs : la re-naissance des temps passés est devenue pensable. Quand les révolutionnaires de 1830 tiraient sur les horloges, ils ne voulaient pas abolir le temps, ils voulaient un autre temps. C’est donc par l’accès qu’il nous donne à un autre temps fait du retour anachronique de temps inconscients que s’inaugure chez Nietzsche la pensée la plus profonde du changement.
Ayant commencé très jeune par enseigner la philologie à l’université de Bâle, Nietzsche devint un philosophe — « sans enthousiasme », dites-vous — tellement déterminé par cette expérience première qu’elle ne cessa jamais, comme vous le rappelez, de produire ses effets sur son aventure intellectuelle. Quelles ressources et quelles perspectives cette discipline lui offrait-elle ?
La philologie Nietzsche l’a définie comme l’art de bien lire. Une de ses plus belles définitions se trouve dans l’Avant-propos d’Aurore (§ 5) : « La philologie est cet art vénérable qui exige avant tout de son admirateur une chose : se tenir à l’écart, prendre son temps, devenir silencieux, devenir lent, — comme un art, une connaissance d’orfèvre appliquée au mot… » La philologie classique à laquelle Nietzsche est attaché est la discipline-phare de l’Université allemande du XIXe siècle, elle se définit par l’étude des textes de l’Antiquité grecque et latine. Les philologues déchiffrent et traduisent donc des textes dont les langues ne sont plus parlées. Ils sont de manière fondamentale des éditeurs de textes anciens : ils font venir à la lumière des énoncés menacés d’oubli, ils font remonter dans la mémoire et sur la surface de la page des contenus de pensée menacés d’illisibilité et qu’il faut non seulement déchiffrer et traduire mais libérer des falsifications, des distorsions de sens, des erreurs de copistes, des oublis de mots ou de lettres, oublis qui suffisent à perdre la cohérence d’un énoncé. La philologie introduit Nietzsche à l’analyse des conditions de lisibilité des textes et du monde. Elle l’initie au « matérialisme sémantique ». La question de savoir comment on passe d’un mot à un énoncé qui vise une signification est devenue la question philosophique éminente. Nietzsche philosophe-philologue est, à mes yeux, un immense philosophe parce qu’il prend au sérieux la littéralisation de la pensée : Ainsi parlait Zarathoustra est écrit à la voyelle près. J’admire les philosophes qui tiennent que la pensée est à la lettre près. Jean-Pierre Faye est de ceux-là, c’est toute la profondeur de son nietzschéisme à laquelle je rends aussi hommage dans la « Chambre noire 3 » du livre, intitulée « Le philologue et la dépêche d’Ems ».
Suivant l’interprétation qu’en fit Deleuze, on tient souvent Nietzsche pour un adversaire résolu de la dialectique. Or vous montrez que sa connaissance d’Héraclite, sa lecture de Schopenhauer, la fréquentation de Burckhardt et la découverte des travaux du physicien Boscovich l’ont conduit à repenser le temps dans des termes qui impliquent un mouvement dialectique aussi original que décisif sur le plan politique. De quoi s’agit-il ?
Il me semble que la lecture deleuzienne anti-dialectique de Nietzsche doit être réinscrite dans son contexte historique. Dans sa leçon inaugurale prononcée au Collège de France en décembre 1970 et publiée sous le titre L’ordre du discours, Foucault a parfaitement ressaisi ce contexte : « […] toute notre époque, que ce soit par la logique ou par l’épistémologie, que ce soit par Marx ou par Nietzsche, essaie d’échapper à Hegel… » (p. 74) Le parricide qu’accomplit la génération philosophique de Deleuze et de Foucault, mais aussi de Lyotard, pour donner congé aux aînés hégéliens, notamment Kojève, Bataille, mais aussi Jean Wahl, Jean Hyppolite, ne peut pas se transmettre aux générations philosophiques suivantes comme un legs ininterrogé. En outre, les charges anti-dialectiques de Deleuze concernent Hegel. Or, l’histoire de la dialectique est d’une richesse inouïe, on ne saurait la réduire à la dialectique spéculative de Hegel. Le travail d’analyse que j’ai conduit dans Stridence spéculative (Payot, 2014) sur la non-réception française de la Dialectique négative d’Adorno en France dans les années 1980, m’a libérée de cet anti-hégélianisme caractéristique des philosophes français des années 60 et 70 (à l’exception de Derrida). Et ce pas d’écart m’a sans doute permis de revenir à l’histoire profuse de la dialectique qui commence avec Héraclite, dont Nietzsche se veut le continuateur.
De quoi s’agit-il ? S’il est vrai que la dialectique nous confronte à la question de l’ « être autre » et qu’elle est généralement définie comme la mise en contradiction de l’un et du multiple, de l’identité et de la différence, alors la singularité grecque d’Héraclite est double, aux yeux de Nietzsche : Héraclite pense la contradiction non pas de l’un et du multiple, mais de l’un et du deux ; cette contradiction se donne comme ce qui est à vivre, et non pas comme ce qui est à surmonter. Il est donc le penseur éminent du duel qui travaille irréductiblement toute union et toute identité ; il est le penseur de la contradiction sans réconciliation, sans « relève » dit Hegel. Le jeu incessant du deux dans l’un, de la « duplicité » des identités, détermine une dynamique que Nietzsche transfère dans le temps. Boscovich devient l’opérateur d’une re-naissance, d’un retour anachronique, de la dialectique héraclitéenne qui s’entend comme dialectique temporelle. Il est ainsi possible d’énoncer le temps comme des rapports dialectiques de forces et d’énergies, qui peuvent être refoulées ou remobilisées par le présent, mais qui jamais ne cessent d’agir, fût-ce de façon latente.
Si la lecture de Schopenhauer permet à Nietzsche d’envisager la nature et la gravité du « malaise civilisationnel » européen, celle de Burckhardt lui fournit de quoi poser un diagnostic. Selon ce dernier en effet, importe à cet endroit l’examen des rapports qu’entretiennent les « trois grands facteurs d’histoire » que sont l’État, la religion et la Kultur. Dans quelle mesure cette conception a-t-elle pu orienter la pensée politique du jeune Nietzsche ?
Si toute la pensée de Nietzsche s’inaugure dans le projet d’une délinéarisation du temps chrétien et se contracte pour ainsi dire dans la prise de conscience d’un « malaise civilisationnel », lié à la sécularisation inachevée du christianisme, alors il est certain que la rencontre, à Bâle, du jeune philologue avec l’historien Burckhardt est décisive. Burckhardt affirme sa rupture à la fois avec l’histoire positiviste, successive, vectorisée par la chronologie des faits, et avec l’histoire idéaliste ou avec la philosophie de l’histoire (surtout hégélienne), qui perd l’histoire dans la projection d’une fin (progrès, développement de la liberté, etc.). Avec Burckhardt, l’histoire se conçoit comme « doctrine des turbulences » (Sturmlehre) : elle s’écrit à partir du rapport de forces agissantes, latentes ou actuelles, qui produisent des changements lents et souterrains éclatant au grand jour sous forme de crises, toujours inattendues pour la conscience. Ce rapport des forces agissantes, latentes et actuelles, s’organisent autour de trois « facteurs » d’histoire, l’État, la religion et la Kultur. L’État et la religion sont, pour Burckhardt, des facteurs stables tandis que la Kultur est un facteur d’histoire plus mobile et plus plastique à partir duquel peut se concevoir le changement des deux autres. Pour Burckhardt, quand le rapport entre ces trois facteurs d’histoire reste dialectique et que la tension oppositive qui les lie ne cède pas à la captation, à la subsomption d’un facteur par l’autre, la vie sociale qu’ils déterminent ensemble est toujours florissante. Nietzsche comprend ainsi que la politique au sens large peut se penser de nouvelle manière, à partir du rapport dialectique de ces trois facteurs, et surtout par le décentrement de la fonction de l’État, et plus encore par le rôle fondamental que retrouve la Kultur, loin de l’apolitisme et du fameux « désintéressement » qu’on lui associe généralement pour la neutraliser.
L’originalité et la puissance de votre livre tient à la richesse et à la subtilité de vos analyses qui présentent le « jeune Nietzsche politique » comme très tôt requis par le désir de soustraire la pensée à l’aliénation du temps chrétien. Mais frappe presque autant le mode singulier d’exposition que vous mettez en œuvre. Parties et chapitres se distribuent en effet en ménageant ponctuellement une place à ce que vous nommez des « chambres noires », jusqu’à cette conclusion qui reprend, de façon suggestive, un « schéma » d’inspiration « boscovichéenne ». À quoi répond le choix de cette construction et comment sa forme s’est-elle imposée ?
L’écriture de ce livre dont la gestation a été très longue — il relève sans aucun doute de ce que Nietzsche nomme les « grossesses d’éléphant » — m’a confrontée à une expérience de vertige. J’ai eu plusieurs fois le sentiment que j’allais lâcher prise. Je ne parvenais pas à tenir ensemble tous les éléments, tous les événements qui avaient contribué au devenir philosophe de Nietzsche. En effet, ce devenir philosophe était advenu par de multiples effets d’après-coup qui m’imposaient des mouvements d’aller et retour, des va-et-vient entre le premier coup d’un événement, d’une lecture ou d’une rencontre, et son après-coup de réappropriation et parfois de réinvention. Une espèce de tota simul, de « tout en même temps », devait être analytiquement déployé sans que soit écrasée la détente incessante du latent et de l’actuel, l’articulation permanente du coup et de l’après-coup. Voilà pourquoi la structure générale du livre est boscovichéenne : les chapitres les plus éloignés s’attirent et se répondent, les chapitres les plus proches se repoussent en se faisant mutuellement avancer. J’ai donc voulu que l’écriture s’accorde avec une temporalité discontinue, faite d’éléments hétérogènes, d’effraction d’événements, mais aussi d’anachronismes. D’où les chambres noires, qui sont des procédés optiques donnant l’illusion d’un espace à trois dimensions et où mes questions quittent la planéité de la page pour se situer dans une perception plus directe : l’horreur de la guerre de 1870 en tant « précurseur sombre » de certaines séquences du XXe siècle (chambre noire 1), le rapport du dialecticien Adorno à Nietzsche (chambre noire 2), la dépêche d’Ems lue par Nietzsche et Jean-Pierre Faye (chambre noire 3).
Source : Diacritik
https://diacritik.com/2021/04/07/penser-a-la-lettre-pres-entretien-avec-michele-cohen-halimi/
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Greenwich nous détourne de nos midis mais le cadran solaire nous attend au tournant.
C’est le cadran solaire qui marque les temps des cycles astronomiques. C’est le cadran solaire qui est particulièrement sûr parce que c’est le cycle astronomique même qui le fait battre. Paradoxalement, même s’il est moins précis (l’ombre sera toujours légèrement voilée), le cadran solaire est plus fiable qu’une horloge atomique. La rotation de la terre n’est pas régulière. L’horloge atomique avance imperturbablement, en dépit de ces irrégularités ; en dépit de sa superbe technologique, elle doit se plier aux indications du cadran. Et les cadrans solaires sont impertinents, c’est bien connu :
Nous sommes deux à compter ici, qu’il t’en souvienne : Tu comptes mes heures, et moi les tiennes.
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Horloges et calendriers
Se repérer dans le temps, mesurer le temps : deux préoccupations qui n’ont cessé de hanter l’esprit des hommes. Partout les fouilles archéologiques nous livrent des témoignages plus ou moins complets, plus ou moins impressionnants des efforts faits par les hommes pour mieux maîtriser leur connaissance du temps.
Pour se repérer dans le temps, les hommes se sont le plus souvent fiés à la Lune et aux étoiles. La Lune parce qu’il est facile de compter les lunaisons. Les étoiles parce que leur position dans le ciel nocturne donne une bonne indication de la période de l’année. Les Egyptiens par exemple avaient remarqué que le lever héliaque de Sirius (le jour où l’étoile Sirius se lève en même temps que le Soleil se couche) correspondait avec le début de la grande crue du Nil. Sirius est l’étoile la plus brillante de la constellation du Grand Chien. C’est la raison pour laquelle la période qui suit le lever héliaque a été baptisée par les Romains canicule… Chez les Aztèques, les Pléiades semblent avoir joué un rôle important.
Mais l’observation du ciel était réservée à une élite et on attendait de cette élite qu’elle renseigne les puissants sur l’humeur des dieux à leur égard. La vie du peuple était réglée par le rythme des travaux agricoles et il était beaucoup plus facile, pour les cultivateurs, de se repérer par rapport à la Lune. C’est la raison pour laquelle la plupart des calendriers de l’antiquité sont construits sur une base luni-solaire. Luni parce les mois sont calqués sur les lunaisons et solaire parce qu’il faut recaler régulièrement ce calendrier sur l’année solaire. Le calendrier en vigueur chez les grecs (très proche du calendrier hébraïque ou des calendriers en usage au moyen orient) est basé sur 12 lunaisons… plus un mois intercalaire que l’on doit rajouter à peu près tous les trois ans (en fait 7 fois en 19 ans). La décision des recalages était laissé au bon vouloir des édiles. Cela permettait, quand tout se passait bien, d’avancer les recalages quand c’était nécessaire (le système n’est pas parfait et il manque des jours). A contrario, en période troublée, ça pouvait dérailler.
Les Romains ont commencé très tôt à prendre des libertés avec le calendrier luni-solaire. On attribue à Numa Pompilius, l’un des premiers rois de la Rome antique, un calendrier basé sur une alternance de 12 et 13 mois : une année de 355 jours, une année de 377 jours, une année de 355 jours et une année de 378 jours. Sur 4 ans, on est très proche de la durée de l’année tropique… mais il reste un jour de trop ! Les noms des douze mois d’une année de 355 jours sont ceux que l’on connait aujourd’hui (sauf juillet et août rebaptisés plus tard en l’honneur de Jules César et d’Auguste). Ils ont 29 ou 31 jours. Seul février (februarius) ne compte que 28 jours. Question de superstition… Le mois supplémentaire s’appelait Mercedonius. Il faisait 27 jours, ce qui obligeait à raboter février.
En 45 avant JC, la gestion des mois intercalaires ayant été laissé à l’initiative des édiles, le calendrier pompilien a complètement dérivé. Jules César fait alors appel à un astronome de renom (Sosigène d’Alexandrie) et promulgue un nouveau calendrier, appelé calendrier julien. La première année introduit encore plus de confusion : elle fait 445 jours. Il s’agissait de rattraper le décalage du calendrier pompilien. Les années qui suivent sont décomposées en 11 mois de 30 ou 31 jours plus un mois (février) de 28 ou 29 jours. Pourquoi le mois de février ? Parce que c’était à l’époque le dernier mois de l’année. Le recalage se fait automatiquement tous les quatre ans grâce au jour ajouté au mois de février. Le début de l’année sera ensuite fixé au mois de janvier qui était le mois de l’élection des consuls. Le calendrier traditionnel romain comportait des semaines de 8 jours, le huitième jour étant jour de marché. La semaine de 7 jours, de tradition hébraïque, sera adoptée au début de notre ère.
Le calendrier julien va perdurer jusqu’en 1582. En 1620 ans il a dérivé de 12 jours par rapport à l’année tropique. De ce fait, le calendrier liturgique avait tendance à se décaler par rapport aux saisons réelles. La fête de Pâques (le dimanche qui suit la première pleine Lune de printemps) dérivait vers l’été. Le pape Grégoire XIII fit alors appel à un autre astronome réputé pour mettre de l’ordre dans tout ça. Le calendrier grégorien est celui que nous utilisons aujourd’hui. Il introduit des corrections séculaires pour limiter le décalage par rapport à l’année tropique à une journée au maximum.
La mesure du temps : cadran solaire et clepsydre
L’utilisation du Soleil pour mesurer le temps remonte à la haute antiquité. On a retrouvé en Egypte des obélisques utilisés manifestement à cet effet et qui datent de 3500 ans avant notre ère. Le cadran solaire s’est ensuite très rapidement répandu dans tout le bassin méditerranéen. Le découpage de la journée en heures est également très ancien. Pourquoi 12 heures plutôt que 10 ? Peut-être parce que 12 est divisible par 2, 3, 4 et 6 alors que 10 n’est divisible que par 2 et 5…
Le problème du cadran solaire est qu’il donne des heures de longueur variable. Les peuples de l’antiquité en avaient conscience et se sont tournés très tôt vers d’autres méthodes. L’écoulement de l’eau est la méthode la plus répandue. Les plus anciennes clepsydres ont été découvertes à Karnak. Les Grecs en ont amélioré le profil mais ce sont surtout les Perses et les Chinois qui ont poussé le plus loin la technique. Les Chinois en particulier ont associé des clepsydres à des mécanismes avec des roues dentées extrêmement sophistiqués.
Mouvement périodique
Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on aura l’idée d’utiliser la régularité des mouvements périodiques pour mesurer le temps. On attribue à Galilée la paternité de l’horloge à balancier. Mais Galilée mourra avant de concrétiser son idée et c’est Christian Huyghens qui construisit la première. C’est également lui qui, sur une idée de Robert Hook, construisit la première horloge à balancier régulée par un ressort.
Au XVIIIème siècle, la mesure du temps est devenue un enjeu stratégique. Seule une mesure précise du temps permet de calculer la longitude des bateaux qui sillonnent les mers et sur lesquels repose la puissance des états. En 1714, le gouvernement anglais promet une récompense de 20000 livres à l’horloger qui construira un chronomètre de marine suffisamment précis. Ce n’est que 40 ans plus tard de John Harrison remportera le prix grâce à un chronomètre basé sur l’utilisation d’un ressort qui s’enroule et se déroule. La précision de son chronomètre est d’un tiers de seconde par jour.
Montres à quartz
Les chronomètres à ressorts seront utilisés pendant près de deux siècles. Il faudra attendre la moitié du XXème siècle pour qu’ils cèdent la place aux montres à quartz. Les montres à quartz utilisent une propriété des cristaux de quartz découverte par Pierre et Jacques Curie en 1880 : la piézoélectricité. Un quartz soumis à un champ électrique résonne à une fréquence qui ne dépend que de ses dimensions. En résonnant, il génère un courant électrique à la même fréquence. Le système est bouclé de façon à entretenir cette fréquence. Le décompte des impulsions permet de mesurer le temps de manière très précise. La première horloge à quartz a été construite par les laboratoires Bell en 1927 mais ce n’est qu’à la fin des années 1960 que les montres à quartz vont inonder le marché de l’horlogerie.
Horloges atomiques
Les montres à quartz ont instauré un nouveau standard de précision en matière d’horlogerie… Mais leur suprématie dans le domaine de l’instrumentation ne sera que de courte durée. En 1949, le National Bureau of Standard met au point la première horloge atomique. Elle fonctionne à l’ammoniac et est relativement peu précise. Les défauts de cette horloge seront analysés et corrigés. En 1955, Louis Essen et Jack Parry font fonctionner la première horloge au césium. Elle est basée sur la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de Césium dont la fréquence est de 9192631770 Hz. Le principe de cette horloge sera ensuite amélioré par Norman Ramsey qui reçut le prix Nobel pour ses recherches sur le sujet.
La technologie ne va cesser de s’améliorer. L’une des principales causes de l’imprécision (très relative) de ces horloges est l’agitation thermique des atomes de césium. Qu’à cela ne tienne, on va les refroidir en les piégeant entre des faisceaux laser qui les immobilisent. Les premières horloges au césium avaient une précision de 10-10. Les horloges utilisant une fontaine d’atomes froids ont aujourd’hui une précision de 10-15 : une seconde en 30 millions d’années.
Les horloges au césium fonctionnent dans le domaine des micro-ondes. Aujourd’hui, les chercheurs travaillent sur des horloges au strontium fonctionnant dans le domaine optique. Une précision de 10-18 devrait bientôt être atteinte ! Une demi-seconde en 15 milliards d’années…
La définition de la seconde
C’est en 1889 que se réunit à Paris la première conférence visant à établir un système international d’unités de mesure (conférence générale des poids et mesures). La conférence décide de retenir le kilogramme-étalon et le mètre-étalon déposés au pavillon de Breteuil à Sèvres. Pour la seconde, on choisit une définition simple : c’est la 86400ème partie de la journée.
Simple et de bon goût direz-vous ? Pas si sûr… La durée d’une journée varie tout au long de l’année en raison de la trajectoire elliptique de la Terre autour du Soleil. L’écart atteint même 30 minutes entre novembre et février ! Notre journée de 24 heures n’est qu’une durée moyenne sur l’année. Pas facile à utiliser en pratique. Pourtant cette définition sera conservée jusqu’en 1956.
En 1956, changement de portage. On donne la main aux astronomes qui revendiquent une bien meilleure précision. Leurs arme secrète : les Ephémérides. La seconde est désormais définie comme la fraction 1/315569259747 de l’année tropique 1900. Pourquoi l’année 1900 et pas l’année courante ? Parce que la rotation de la Terre ralentit de 16 millisecondes tous les 1000 ans et qu’il faut donc se donner une référence.
On a évacué le problème de la journée de durée variable, mais ça reste très difficile à mesurer. C’est la raison pour laquelle on s’est empressé d’abandonner cette définition. Depuis 1967, la seconde est définie comme le temps qui s’écoule pendant 9192631770 oscillations de l’atome de césium 133 entre les deux niveaux de la transition hyperfine de l’état fondamental. Et comme il faut tenir compte du décalage gravitationnel des horloges, le niveau de référence est le géoïde terrestre.
Rappelons que le décalage gravitationnel des horloges s’exprime de la manière suivante :
U0 étant la valeur du potentiel gravitationnel en tout point du géoïde (valeur constante sinon la croûte terrestre se déformerait).
Temps universel
Des journées de longueur variable, un temps solaire propre à chaque longitude… tout cela n’avait guère d’importance dans un monde essentiellement rural. La situation a changé avec la révolution industrielle et, plus particulièrement avec la première mondialisation au début du XXème siècle. En 1911 le bureau international des poids et mesures décide de découper le monde en fuseaux horaires et d’adopter une référence de temps universelle : le Greenwich Mean Time (GMT) basé sur le temps défini par l’observatoire de Greenwich. Le temps GMT va perdurer jusqu’en 1978. A cette date, le BIPM adopte le temps UTC (Universal Coordinate Time). Le temps UTC est établi à partir du « temps atomique international » (TAI) qui est donné par un réseau de 400 horloges atomiques synchronisées réparties de par le monde. La stabilité en fréquence du TAI est de 3 10-16. Le temps UTC ajoute à ce TAI des secondes intercalaires pour tenir compte de la dérive de la durée moyenne d’une journée.
Le fuseau horaire utilisé pour déterminer l’heure officielle en France est le fuseau UTC + 1. Attention, cette heure n’est pas l’heure solaire en un pont : il convent en effet d’ajouter 4 minutes par degré d’écart par rapport au méridien de longitude 15 degrés Est !
Pour en savoir plus :
post sur le laser et les atomes froids
post sur le décalage gravitationnel des horloges
post sur e refroidissement des atomes avec un laser
post sur les rudiments d’astronomie
post sur la durée du jour
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Horloge atomique.
Il est 22h tout pile. Une voisine de l’immeuble d’en face passe visiblement un bon moment. A chaque fois c’est à 22h tout pile. Son mec / sa nana / ustensile quelconque est visiblement très ponctuel.
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Les scientifiques n’en reviennent pas : la terre tourne plus vite que d’habitude
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